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La réussite scolaire : qu’est-ce qu’un "bon" élève ?

Les tendances en psychologie de l'éducation attirent l'attention sur le développement cognitif et la motivation en tant que facteurs fondamentaux pour améliorer les apprentissages et la réussite scolaire. Mais la notion de réussite scolaire est relativement floue.

Quels critères choisir ? Pourquoi ces critères-là ? En quoi sont-ils pertinents ? Cet article aborde différents facteurs qui peuvent impacter sur la réussite scolaire.



Qu'est-ce que la réussite scolaire ?


L'usage de la notion de réussite scolaire est souvent vague. Qu'est-ce donc qu'un “bon élève” ? Est-ce un élève qui a de bonnes notes à l'école ? Un élève qui est curieux et qui s’intéresse à d’autres contenus que ceux proposés dans sa classe ? Un élève qui collabore aisément avec ses camarades ? Ou bien est-ce celui qui prend la parole de façon éloquente ? Qui réussit à se concentrer longtemps ? Qui est rapide à terminer un exercice ? Qui est autonome dans son travail scolaire ? Qui a de fortes capacités réflexives et qui fait preuve d’ouverture d’esprit à l’égard de ses camarades ?


Les critères de réussite sont nombreux et le choix des critères particulièrement discutables. À l’école, ce sont les résultats et les diplômes qui sont utilisés comme principaux indicateurs de réussite, plutôt que l’épanouissement global scolaire, l'autonomie et le bien-être des jeunes.


La notion de réussite éducative, bien qu'également très normative, est déjà plus large car elle englobe des critères de socialisation. Si toutefois, on s'en tient aux principaux indicateurs de réussite scolaire, la réussite est d'abord synonyme de maitrise et d'acquis des savoirs, sanctionnés par des diplômes. Un ensemble de facteurs vont l'influencer de manière plus ou moins déterminante, parfois à l'insu de l'élève, et indépendamment de la qualité des enseignements ou de la bonne réputation de l'école.


Le rôle de l'enseignant


Nombre d'écoles fonctionnent encore aujourd'hui sur un modèle standardisé, qui en raison des effectifs, peinent à différencier les apprentissages, à s’adapter au rythme des élèves et à favoriser leur autonomie. De plus, les systèmes de notation utilisés dans la plupart des écoles peuvent décourager certains jeunes de poursuivre un apprentissage plus autonome issu de leur passion pour une matière.


Pourtant, pour s’épanouir scolairement, les élèves doivent trouver agréable et enrichissant le fait d’apprendre. La façon dont l’enseignant construit son cours et transmet son savoir a en ce sens une influence, bien que limitée, sur la capacité des élèves à mieux assimiler la matière.


C'est en réussissant à différencier son enseignement, à stimuler la curiosité et la motivation des élèves pour sa matière, et en les encourageant à rechercher la nouveauté intellectuelle et expérientielle, qu'un enseignant pourra les aider à devenir de bons ou de meilleurs élèves, en réduisant les écarts entre eux. Par exemple, un enseignant peut proposer aux élèves en difficulté différentes stratégies métacognitives comme porter attention à leurs techniques de mémorisation (plutôt visuelle, auditive…) ou les inviter à se demander et à analyser ce qu’on attend d’eux en fonction d'une consigne.


Le milieu social et familial


Néanmoins, pour réussir scolairement, la qualité de l’enseignement ne suffit pas. On notera que la motivation intrinsèque (qui fonctionne sans récompense), le capital culturel (c’est-à-dire, d’après la théorie bourdieusienne, les ressources culturelles acquises à travers la socialisation), le soutien parental sont des marqueurs essentiels de réussite qui peuvent expliquer les inégalités scolaires.


Les sociologues français Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron avaient par exemple montré de manière convaincante comment les parents de classes moyennes et bourgeoises prennent part massivement à la scolarité de leurs enfants, en les aidant à faire leurs devoirs, en faisant appel à un tuteur ou à un centre d'apprentissage, en les emmenant au musée, à la bibliothèque ou au cinéma, en leur proposant des activités parascolaires et, en parallèle, en choisissant des écoles réputées.

Toutes ces actions plus ou moins visibles, qui nécessitent du temps et un investissement financier, façonnent les dispositions et aptitudes scolaires d'un élève.


Si le fait de grandir dans un milieu privilégié ne suffit pas à faire d’un enfant un “bon élève”, il existe néanmoins des déterminismes sociaux que l’école entend surmonter, notamment en prenant en considération la motivation en contexte scolaire et les intelligences multiples des élèves.


Les intelligences multiples


Longtemps, l’intelligence a été comprise comme une explication de la réussite scolaire. Le développement des tests d’aptitudes, en autres par Alfred Binet et Théodore Simon, attestait de cette préoccupation. Nombreux sont ceux qui associaient l'intelligence à un facteur général, c’est-à-dire à un ensemble d’aptitudes cognitives hiérarchisées. Le fameux Quotient Intellectuel (QI).


D'autres psychologues, plus inspirés, comme Howard Gardner, ont montré qu'il existe au contraire diverses formes d’intelligences qui coexistent et qui ne sont pas partagées de la même façon par les individus. Il y a l’intelligence linguistique, logico-mathématique, spatiale, kinesthésique, etc. Cette théorie des intelligences multiples ne fait pas non plus l’unanimité, mais marque une avancée certaine dans l'exploration des processus cognitifs. Les élèves n'excellent pas dans toutes les matières, ils peuvent performer dans certaines, et avoir plus de difficultés dans d’autres.


Ce qu’on nomme “l’intelligence” ne détermine pas seule la réussite scolaire. L’environnement familial, la vie affective et émotionnelle de l’enfant, le soutien des pairs et la stimulation offerte par l’enseignant expliquent souvent mieux les différences individuelles de réussite. Les enfants ont besoin d’être encouragés, entourés, soutenus, accompagnés dans leur scolarisation pour réussir.


La notion de réussite scolaire est plus complexe qu’elle n’y paraît. Malgré les déterminismes sociaux, chaque trajectoire est unique, rien n’est écrit d’avance. Les parents et les enseignants devraient en ce sens veiller à ne pas étiqueter les élèves en “bon” ou “mauvais” élève, intelligent ou non, au risque qu’ils se conforment à cette étiquette (effet Pygmalion, prophétie autoréalisatrice) et se mettent la pression de façon excessive, se reposent sur leurs lauriers, ou perdent toute confiance en eux.

Conclusion. Lorsqu'un élève souffre de troubles d’apprentissage, les troubles devraient être repérés le plus tôt possible pour adapter en conséquence les méthodes pédagogiques.

Bernard Lahire (1998) montre en effet des parcours de jeunes issus de milieux populaires, ayant un trouble de l’apprentissage ou des parents qui ne parlent pas la langue du pays et qui, pourtant, connaissent un parcours scolaire brillant.

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