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La place du corps dans les apprentissages scolaires

La participation du corps aux apprentissages est déterminante dans les processus d'acquisition des connaissances : la posture de l'apprenant, son immobilité ou sa mobilité corporelle, ses apports kinesthésiques vont fortement influencer les manières d'apprendre.

Comment le corps peut-il ainsi influencer les capacités d'apprentissage ? Comment sa mise en mouvement peut-il stimuler la pensée et favoriser l'appropriation des savoirs ?

L'article souligne la place et l'importance du corps et de la pratique dans les apprentissages scolaires. Le corps de l'apprenant dans la salle de classe ne sert pas uniquement à écrire, à lever le doigt ou à tracer une ligne avec la règle ! Quelle est la place du corps dans les apprentissages scolaires ?


Engagement corporel et apprentissage par la pratique


L'apprentissage par la pratique est depuis longtemps mis en avant par les parents et les enseignants comme un facteur clé pour motiver les jeunes dans un contexte scolaire. Mais qu'est-ce qu’on entend exactement par apprentissage par la pratique ? Quelle est la place du corps dans ce processus d'apprentissage ? Pourquoi est-ce bénéfique pour la plupart des élèves ?


L'apprentissage pratique est une forme d’apprentissage qui incite les jeunes à apprendre par l'action, en agissant, en manipulant, et pas seulement en écoutant leurs enseignants. Ils apprennent "par corps", par les sensations, le mouvement, à travers des expérimentations, des démonstrations pratiques, des cas concrets, en faisant preuve d’engagement dans leur apprentissage.


C’est un apprentissage qui peut solliciter tous les sens, et pas uniquement l'ouïe et la vue. Les élèves y engagent leur corps : les gestes s’associent aux sensations, aux perceptions, aux émotions et à la mémoire. Cette forme d'apprentissage, résolument empirique, facilite l’assimilation des connaissances. Les enseignements théoriques apparaissent moins rébarbatifs et surtout plus pertinents pour les élèves qui en comprennent mieux les fondements, via la sollicitation des sens et de l'expérimentation.


C’est le contenu pédagogique à transmettre qui va essentiellement déterminer la méthode de l’enseignant et le choix des activités et des supports d’apprentissage. Par exemple :

  • En illustrant concrètement un concept dans le cadre d'un cours de mathématiques.

  • En réalisant une expérience de laboratoire dans le cadre d'un cours de sciences.

  • En construisant des circuits dans le cadre d'une classe technologique.

  • En créant un document historique ou un artefact dans le cadre d'un cours d'histoire.

  • En rédigeant une histoire, un poème ou un essai dans le cadre d'un cours d'anglais.

Le développement de l'esprit expérimental


L'apprentissage est d'abord corporel. L'immersion dans un espace scolaire, dans un champ de connaissances, n'est possible que par l'intermédiaire du corps, par une expérience corporelle. La corporéité sous-tend toute structure d'apprentissage, c'est le corps qui donne sens au savoir.


Ainsi, certains jeunes retiennent et assimilent mieux la matière en regardant, d’autres en écoutant, d’autres en lisant et en écrivant et d’autres encore en faisant. Il ne s’agit pas pour autant de différencier et de personnaliser systématiquement l’enseignement pour chaque élève, mais de comprendre que le fait d’apprendre en faisant rend les élèves plus actifs et attentifs à ce qu’ils font.


La pratique joue en ce sens un rôle important dans les apprentissages. Le corps (la sensorialité) y est plus directement engagé. On le sait depuis Freinet et surtout depuis les recherches de Piaget sur le développement de l'intelligence et de l'expérimentation spontanée qui démontrent le développement continu des structures d'actions élémentaires" aux "structures opératoires supérieures".


À la suite des travaux de Piaget, Kolb a aussi montré comment "un apprentissage expérientiel" est un "cycle d'apprentissage" qui facilite l'aller-retour entre théorie et pratique, expérimentation concrète et conceptualisation abstraite, dans les processus d'acquisition des connaissances.


En plus de conduire à un meilleur engagement, une expérience d'apprentissage bien structurée, qui sollicite la mobilité du corps, permet aux élèves d'apprendre plus efficacement, en observant, en expérimentant, en testant, en s'entrainant. Dans ces séquences d'apprentissage, l'appropriation des connaissances est plus holistique et moins immédiatement réflexive et cérébrale.


Nous pouvons voir cela dans de nombreuses classes de sciences qui associent les cours classiques (leçons, discussions, lectures) à des concepts d'apprentissage actif lors de sessions de laboratoire. Alors que les élèves peuvent apprendre un concept en classe, c'est en expérimentant en laboratoire qu'ils sont capables d'associer la théorie à la pratique et de s'exercer à l'appliquer. Ce processus conduit à une meilleure rétention des informations et à une meilleure compréhension du sujet.


Le rôle de l'action et de la créativité dans la compréhension


L’apprentissage par la pratique offre aussi aux élèves quelque chose de bien «réel». C’est un moyen facile pour les enseignants de montrer à leurs élèves comment ce qu'ils apprennent peut être utilisé dans le monde réel et qu'il n'y a pas d'antagonisme entre l'expérience et les savoirs transmis.


Il est en effet souvent difficile pour les élèves de comprendre l’utilité de ce qui leur est demandé d’apprendre : “à quoi ça sert dans la vie ?”, “pourquoi est-ce important ?” (sic). Les connaissances qui ne leur sont pas immédiatement utiles ont tendance à être refusées, voire rejetées.


Dans ces conditions, il est souvent préférable de rendre l'apprentissage plus concret que de disserter sur la beauté des savoirs qui excèdent leurs utilités pratiques ! L'espace scolaire ne doit pas exclure ce rapport au corps, à la pratique, dans les savoirs. Il est en ce sens important qu'un enseignant puisse montrer à ses élèves l'ancrage à la fois concret et corporel des connaissances qui doivent être aussi illustrées, imagées, métaphorisées pour être plus facilement transmissibles.


Grâce à un apprentissage par l'action, les élèves créent activement quelque chose de concret, d’authentique, qu'il s'agisse d'un essai, d'une histoire, d'une œuvre d'art, d'un projet de construction, d'expérimentation ou autre. L'incarnation physique des notions enseignées, transmises en classe, mobilisables dans la vie, permet aux élèves de percevoir leur incidence sur le monde qui les entoure.


Cette créativité doit être régulièrement stimulée pour favoriser l'exploration et l'assimilation des savoirs. L'apprentissage par la pratique qui engage plus totalement le corps apprenant n'est heureusement pas nouveau. Toutefois, bien des écoles ont du mal à intégrer des projets pratiques dans le travail des élèves. Cela peut être un défi particulier pour les écoles publiques qui n'ont pas le budget.


Conclusion. "Rien n’est dans la pensée qui ne fût préalablement dans les sens" aiment dire les philosophes empiristes. La place du corps dans les apprentissages est un vaste sujet qui pose de nombreuses interrogations qu'il n'est toutefois pas possible de traiter dans le cadre d'un article de blogue. Nous voulions ici simplement esquisser les contours d'un questionnement qui réhabilite l'importance du corps dans sa relation aux apprentissages, après une longue période de pandémie. à l'ère du numérique et de l'omniprésence des sciences cognitives sur les questions d'apprentissage.

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